ثقافة Durant 3 jours : Le CinéMadart transformé en temple de l’affiche cinématographique
Durant trois jours (16, 17, 18 février 2024), l’espace CinéMadart a été transformé en un temple, le temple de l’affiche cinématographique. Concoctée par le trio Wissal Laabidi, Kaïs Zaïed et Amal Saadallah, l’exposition avait pour intitulé « Mille et un poster », titré inspiré du film égyptien « Mille et un baisers » (1977) dont les rôles principaux furent incarnés par Yosra et Hessine Fahmi. L’exposition tire sa force de sa dimension nostalgique, celle des films anciens qui ont bercé la jeunesse de certains mais aussi de sa dimension cinéphilique, celle de l’amour du cinéma.
Quand tu promènes ton regard dans l’expo-temple, mille et un souvenirs surgiront. Ceux des films tunisiens qui ont drainé des foules (L’homme de Cendres de Nouri Bouzid en 1986 à titre d’exemple) et d’autres qui furent interdits de projection (tels que Fatma75 de Selma Baccar ou Sejnane d’Abdellatif Ben Ammar).
D’autres affiches demeurent gravées dans nos mémoires telles que celle de Halfaouine (1990) de Férid Boughédir ou celle de Soltane Lemdina (1992) de Moncef Dhouib. D’autres affiches sont plus récentes telles que celles de Subutex (2018) de Nasreddine Shili, de Sous les figuiers (2021) d’Erige Sehiri, de Communion (2021) de Nejib Belkadhi, d’Ashkal (2022) de Youssef Chebbi, etc.).
L’exposition fonctionne ici comme vitrine d’un cinéma tunisien ancien et nouveau pour ceux qui s’intéressent et s’attachent aux films tunisiens comme documents visuels faisant partie intégrante de notre patrimoine culturel. Il y a dans ces films une grande part de notre tunisianité (identité, tradition, marginalité, émancipation, jeux de pouvoir, etc.) que le cinéma va raconter/montrer et dont il va témoigner avec ses propres moyens. « Le cinéma est une musique qui nous atteint par l’intermédiaire de l’œil » estime l’historien de l’art Elie Faure pour préciser sa nature particulière.
Ces affiches racontent aussi certains aspects cachés du monde du cinéma, comme cette affiche du film « Trahisons conjugales » qui subit la censure lors de sa projection dans les salles de cinéma tunisiennes. En effet, le censeur crut bon d’effacer le visage d’un homme qui déposait un baiser sur la bouche de sa compagne, pour éviter « le scandale » comme nous le fit savoir Wissal Laabidi.
Les affiches égyptiennes, quant à elles, nous rappellent l’âge d’or du cinéma égyptien avec ses grands acteurs, ses mélodrames et ses narrations inspirées de Hollywood. Pareil pour les affiches des films de Western qui marquèrent des générations de tunisiens ou des films d’horreur et autres films noirs et de romance ou les films de catégorie Z qui furent projetés dans nos salles de cinéma. Chaque affiche déroule avec elle des pans d’histoires, de souvenirs, d’émotions, des anecdotes et autres réactions cinéphiliques.
Chiraz Ben M’rad